Découvrez la vie fascinante de l'Abbé Alexis-Timothée Bouly, le prêtre érudit qui, au-delà de son ministère, a bâti un pont entre spiritualité et sciences de l'énergie. C'est lui qui a inventé le mot Radiesthésie et en a fait une discipline reconnue. Son héritage est immense !
L'Abbé Alexis-Timothée Bouly : Le Prêtre Érudit qui Donna son Nom à une Science des Ondes
L'existence d'Alexis-Timothée Bouly (1865-1958) se déploie comme un pont étonnant entre la ferveur spirituelle du clergé et l'exploration audacieuse des phénomènes énergétiques. Ce prêtre du diocèse d'Arras ne se contenta pas d'exercer son ministère ; il devint le pionnier d'une discipline qu'il conceptualisa et nomma lui-même : la radiesthésie. Son héritage réside dans cette capacité unique à avoir marié la rigueur d'un esprit formé aux humanités classiques à la sensibilité intuitive requise pour percevoir les "radiations" du vivant et de la matière. La trace qu'il laissa dans l'histoire des sciences parallèles et des figures du Boulonnais est indélébile.
Ancrage Terrien et Ascension Intellectuelle
L'histoire de ce célèbre curé trouve son point de départ dans l'humble village de Condette, où Alexis-Timothée Bouly vit le jour le 11 décembre 1865. Issu d'un milieu laborieux, il était le fils de François-Alexis Bouly, un charron qui s'éleva par son engagement civique jusqu'à devenir adjoint au maire de la commune (un rôle qu'il tint de 1889 à 1909), et d'Euphrasine Fauquembergue, une lingère. Cette enfance passée dans un environnement où l'effort et la probité étaient les maîtres mots forgea sans doute son caractère à la fois terre-à-terre et profondément dévoué.
Dès l'école communale de Condette, son intelligence vive se manifesta. Son parcours le destinait à une carrière exigeante. Il intégra le petit séminaire de Boulogne-sur-Mer, y étudiant de 1879 à 1886, avant de parachever sa formation théologique au grand séminaire d'Arras. Ce cursus, rigoureux et structuré, allait constituer la base intellectuelle solide sur laquelle reposerait plus tard son approche scientifique de la sourcellerie.
Ordonné prêtre le 13 juillet 1890, il commença par s'investir pleinement dans l'enseignement. Pendant quatre ans, il occupa un poste de professeur à l'institution Saint-Vaast de Béthune. Son diocèse, conscient de ses qualités académiques, l'encouragea à affûter encore davantage ses connaissances. Il fut ainsi détaché pour suivre les cours de lettres modernes à la prestigieuse Université de la Sorbonne à Paris. Cette période d'études supérieures lui permit d'acquérir une culture générale étendue et, fait crucial pour sa future renommée internationale, de maîtriser couramment l'anglais et l'allemand. Fort de ces acquis, il revint sur la Côte d'Opale pour enseigner au collège Saint-Stanislas de Boulogne-sur-Mer, avant d'en prendre la direction en tant que supérieur en 1900.
Le Pasteur et le Pionnier d'Hardelot-Plage
Après avoir dirigé cet établissement pendant près de neuf ans, sa vocation pastorale exclusive fut réaffirmée par deux nominations successives. Il fut d'abord nommé curé de Wirwignes en janvier 1909. Moins de deux ans plus tard, le 1er août 1910, un nouveau défi l'attendait : il devint le premier curé de la paroisse naissante d’Hardelot-Plage. Cette affectation était stratégique, soutenue par l'influent homme d'affaires britannique John Whitley, le visionnaire qui avait fondé et développait activement cette nouvelle station balnéaire. L'Abbé Bouly assuma cette charge jusqu'à la fin de sa vie, se consacrant à la fois à ses ouailles locales et à la population fluctuante des vacanciers.
C'est précisément le rythme saisonnier de la station, caractérisé par l'afflux des fidèles l'été et le retour au calme hivernal, qui lui offrit le temps nécessaire pour cultiver ses passions intellectuelles. Il délaissait alors les sollicitations paroissiales intenses pour s'immerger dans ses études. C'est lors d'une de ces périodes d'exploration personnelle, en avril 1913, que se produisit la découverte décisive : il se révéla être un sourcier. Ce don, traditionnellement dévolu à la recherche d'eau, lui permettait non seulement de localiser les nappes phréatiques, mais aussi d'en estimer la profondeur et le potentiel, une aptitude qui, pour lui, ne pouvait être laissée au seul hasard ou au folklore.
La Naissance d'une Théorie Vibratoire
Fort de son éducation et de son penchant pour la rationalité, l'Abbé Bouly refusa d'accepter ce don comme un simple mystère. Il entreprit de le décortiquer, de le comprendre et, surtout, de l'étendre bien au-delà de la seule hydrologie. Son postulat philosophique était révolutionnaire pour l'époque : il affirmait que chaque entité, qu'elle soit minérale, végétale ou animale, est intrinsèquement liée à une accumulation d'énergie qui émet des vibrations spécifiques se propageant dans l'univers. Si ces vibrations existent, il doit être possible, selon lui, de les saisir et de les identifier via un instrument sensible, à savoir la baguette du sourcier ou le pendule.
À partir de là, le champ de ses investigations s'élargit : après avoir résolu des problèmes cruciaux d'approvisionnement en eau, il se mit à la recherche de cavités souterraines, de gisements de métaux et, dans une démarche audacieuse, se lança dans l'étude des radiations émises par des organismes invisibles, comme les microbes.
C'est cette conceptualisation qui nécessita un nouveau terme. Fruit d'échanges intellectuels, notamment avec l'Abbé Louis Bayard (son ancien professeur, devenu conférencier aux facultés catholiques de Lille), il inventa le mot "radiesthésie". L'étymologie était pensée pour conférer une dignité scientifique à la pratique : il associe le mot latin radius (qui signifie "rayon lumineux" ou "baguette") au suffixe grec -esthésie (signifiant "sensation" ou "perception"). La radiesthésie devenait littéralement la "perception par le rayon".
L'Association, le Comité d'Honneur et la Légitimation
La véritable consécration publique eut lieu avec la fondation de l’Association française et internationale des amis de la radiesthésie. L'acte fondateur se déroula à Lille, le 29 décembre 1929, sous l'impulsion de Léon Delattre et Théo Gravez. Le rôle de l'Abbé Bouly fut central : il en devint le président fondateur.
L'objectif était de fédérer la communauté des praticiens et de conférer une crédibilité institutionnelle à cette nouvelle discipline. Pour ce faire, l'association réussit l'exploit de rallier un comité d'honneur d'une autorité scientifique exceptionnelle. Parmi ses membres figuraient des figures de proue de l'Académie des sciences, ce qui constituait une reconnaissance implicite du sérieux de la démarche :
- Édouard Branly, le pionnier français de la télégraphie sans fil (TSF).
- Henri Deslandres, directeur des prestigieux observatoires de Paris et de Meudon.
- Arsène d’Arsonval, sommité de l'électrothérapie.
Le comité comptait également des figures médicales influentes telles que le docteur François Foveau de Courmelles (pionnier de la radiographie) et le docteur Gédéon Meillère, qui allait devenir président de l'Académie de médecine en 1932. Ce parrainage offrait à la radiesthésie une caution qui la plaçait à la frontière des sciences établies et des recherches émergentes sur les ondes.
L'Abbé Bouly scella son rôle le 29 janvier 1930 en prononçant une conférence inaugurale à l'hippodrome de Lille, un événement qui attira plus de 500 auditeurs. Bien que le vicomte Henry de France lui succédât quelques semaines plus tard à la tête de l'association, la place de l'Abbé Bouly comme père fondateur du concept ne fut jamais remise en question.
De Lens aux Canaries : Des Services Rendus à la Nation
La reconnaissance scientifique se mua rapidement en notoriété pratique. Les sollicitations s'accumulèrent, propulsant la renommée de l'Abbé Bouly bien au-delà des frontières nationales. Aux îles Canaries, son talent fut sollicité pour des enjeux économiques vitaux. Il y parvint à localiser avec succès plusieurs sources d’eau douce, condition sine qua non pour l'expansion des cultures, notamment celle des bananes, pilier de l'économie locale.
Ses interventions en France furent également cruciales et spectaculaires. À Lens, il réalisa un diagnostic de géobiologie qui sauva l'église Saint-Léger. Lors des travaux de restauration, il détecta la présence de cavités souterraines remplies de gravats qui n'auraient manifestement pas supporté les fondations envisagées par les ingénieurs, prévenant ainsi un désastre structurel.
L'engagement le plus lourd de sens se déroula après la Première Guerre mondiale. Le ministère de la Guerre fit officiellement appel à son expertise. L'Abbé Bouly utilisa ses aptitudes radiesthésiques pour détecter les obus non explosés enfouis sous les champs de bataille de l'Aisne, de Champagne et de l'Artois, sauvant ainsi de nombreuses vies. Cet acte de service majeur à la collectivité lui valut d'être distingué et décoré de la Légion d’honneur en 1950.
Le Double Engagement et l'Héritage Philanthropique
À partir des années 1930, tout en continuant ses missions pastorales quotidiennes, l'Abbé Bouly affina et recentra ses activités radiesthésiques principalement sur la recherche hydrologique et, de plus en plus, sur les diagnostics médicaux. Son domicile devint un lieu de pèlerinage pour des milliers de personnes, venues de toute la France, de Belgique, d'Angleterre, cherchant un diagnostic ou un remède à leur mal.
L'aisance financière qu'il tira de ses consultations fut entièrement canalisée vers des œuvres de charité, témoignant de sa profonde humilité et de son sens du service. Il fit notamment construire deux dépendances au fond de sa propriété, rue de la Marne. Ces bâtiments étaient dédiés à l'accueil estival de jeunes Parisiennes issues de milieux défavorisés ou à la santé fragile, leur offrant un bol d'air frais marin et un peu de répit.
Son attachement au patrimoine local se manifesta par la création d'un petit musée personnel retraçant l'histoire du Boulonnais. Son geste le plus emblématique fut sans doute l'acquisition en 1934 du Château d’Hardelot. Il ne le fit pas pour son propre bénéfice, mais le légua par la suite à une œuvre de bienfaisance, les sœurs de Sainte-Agnès d’Arras, assurant que ce lieu historique continuerait d'œuvrer pour le bien commun.
Érudit, philanthrope, inventeur d'un terme qui est passé dans le langage courant, l'Abbé Alexis-Timothée Bouly s'est éteint à Condette le 29 janvier 1958. Il laissa derrière lui l'image d'un homme exceptionnel dont le destin fut célébré par une œuvre en bronze du sculpteur boulonnais Pierre Stenne, scellée sur un socle de pierre dans le parc du château d'Hardelot, veillant sur la terre à laquelle il avait dédié sa vie.
l'Abbé Alexis-Timothée Bouly a été inhumé au cimetière de Condette, dans le Pas-de-Calais.
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